Sugiyama Yaeho, dégustations

Tout premier shincha de Shizuoka, le cultivar Sugiyama Yaeho est arrivé en ligne sur Thés du Japon le 8 avril, j'avais d'abord proposé une méthode d'infusion assez raisonnable, avec des dosages légèrement fort, mais une eau un peu tiède. (voir ici) Cela mettait particulièrement en avant l'aftertaste de cet excellent thé japonais. Mais qui dit excellent thé, dit aussi grande souplesse quant aux méthodes d'infusions.

Voici d'autres propositions.
D'abord, plus classique, pour mettre en avant plus fortement les saveurs et parfums encore très jeunes du sencha encore adolescent qu'est le shincha.
- Feuilles : 4g
- Eau : 70 ml ; 80°C
D'une manière générale, mais plus encore avec les beaux sencha à l'étuvage standard/léger/traditionnel,  les shincha sont encore léger, leur saveurs timides. Avec de l'eau un peu plus chaude que dans les standards des sencha de ce niveau, il s'agit de tirer plus d'arômes de ces feuilles, et aussi de faire apparaître plus fortement, le parfum très vert du shincha.
- Durée : 60-70 secondes
Avec de l'eau plus chaude, une grosse minute devrait suffire, sans pour autant laisser apparaître d'astringence genante.
(Théière : Banko-yaki, par Yamamoto Taisen, terre de type Shigaraki)


Comme escompté, j'obtiens une liqueur plus forte, mais toujours très "limpide". Il n'y a absolument pas d'astringence, c'est très frais, avec une verdure florale un peu plus appuyée.
En revanche, un peu moins concentrée, il me semble que l'aftertaste apparaît un tantinet moins fort, mais toujours aussi long, doux et dense.

Pour ma seconde infusion, température un peu plus élevée, et 5-10s d'infusion. 
La liqueur se fait plus légère, toujours pas d’astringence, très parfumée. Décidément, très bon !
Même en montant encore la température pour une troisième infusion de plus d'une minute, on ne ressent toujours pas d'astringence, de la fraîcheur, quelque chose de très désespérant, et qui reste en bouche, très doux.
Par ailleurs, il me semble que les secondes et troisièmes infusions dégagent plus fortement aftertaste et saveurs persistantes en bouche et gorge. 

Ou encore, bien concentré cette fois :
- Feuilles : 5g
- Eau : 50 ml ; 50°C
Il s'agit d'avoir, comme avec un gyokuro, un grand thé de concours ou un temomi-cha, d'avoir une liqueur très concentrée en saveur "umami", cette douceur si particulière du thé, tout en limitant l'astringence ou l'amertume.
- Durée : 1min30
(Théière : Banko-yaki par Itô Jitsuzan)
Encore une fois, une méthode différente qui donne encore un très bon résultat. 
On a une liqueur naturellement très concentrée, très douce, sans que cette douceur sente le trop pleine d'acides aminés. Le tout reste très naturel, et ne donne pas non plus dans les saveurs douce des thés ombrés (gyokuro, kabuse, matcha). 
Dans les arômes, on passe du subtilement floral des méthodes précédentes, à du subtilement fruité. Mais c'est bien la verdure, la feuilles étuvée (pas l'herbacé) qui domine toujours. 

Ce qui est important c'est que comme tout bon thé, étuvage léger en tout cas, les méthodes d'infusions sont nombreuses. Il y a beaucoup de possibilité avec ce thé, et comme je le répète à qui veut l'entendre, plutôt que de se fier aveuglement aux "instructions" d'une vendeur, mieux vaut comprendre le thé, expérimenter par soi-même, bref, s'amuser. 
Et il y a de quoi s'amuser avec ce tout premier sencha de la saison 2014 !
Par ailleurs, jusqu'à présent on touche du bois, et à Shizuoka comme ailleurs, il n'y a pas eu de dégâts dû au givre comme les deux années précédentes. Il est trop tôt pour affirmer quoi que ce soit, mais il n'est pas impossible que 2014 soit une bonne année !

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